Sexes en érection, viol, zoophilie, ébats lascifs...Les textes et représentations à caractère explicitement sexuel que les sables égyptiens et les hasards de l'Histoire nous ont transmis ont parfois fait l'objet d’une sévère censure de la part des savants qui les étudiaient. On en présentera divers exemples édifiants lors de cette conférence.

Le début du Nouvel Empire marque une nouvelle ère des relations internationales du Proche-Orient ancien. En relation constante avec ses voisins, dans le prolongement méridional de la Vallée du Nil au sud, au-delà de la péninsule désertique du Sinaï au nord-est, l'Égypte est au carrefour d'une géopolitique inédite. Portant le coup fatal au royaume de Kerma, les souverains égyptiens prennent le contrôle, pendant plusieurs siècles, de la Nubie. Ainsi, après plus de 2000 ans de contacts alternant entre cohabitation, tensions et conflits, les deux voisins se trouvent dans une nouvelle configuration qui fait de la Nubie une colonie très rentable pour les pharaons des XVIIIe et XIXe dynasties. La situation est différente au Proche-Orient qui voit l'Égypte s'insérer dans un réseau diplomatique dont elle n'est pas le centre. Malgré les conquêtes des rois de la XVIIIe dynastie dans le couloir syro-palestinien, il faut composer avec d'autres grandes puissances. Les rapports de force, en évolution permanente, nécessitent une adaptation des pratiques égyptiennes dans leur gestion des possessions cananéennes.

Les raisons qui amenèrent les Égyptiens à s’intéresser au territoire nubien et la façon dont ils le gérèrent seront analysées, offrant un point de comparaison avec la politique égyptienne au Proche-Orient.

Les milliers de photographies réalisées par le genevois Fred Boissonnas en Égypte en 1929 et 1930 sont aujourd’hui conservées à la Bibliothèque de Genève, ainsi que le livre monumental qu’il dirigea pour le gouvernement égyptien (1932). Estelle Sohier reviendra sur l’histoire de cette mission, sa dimension politique dans l’Égypte de Fouad Ier et sa vision du patrimoine historique égyptien. Elle présentera la richesse de ces archives qui n’ont jusqu’alors que très peu circulé.

Fondée sous Ptolémée II, l’agglomération urbaine de Philadelphie au Fayoum est longtemps restée inexploitée en archéologie, malgré les riches données papyrologiques apportées par les archives de Zénon, mises au jour en début du siècle dernier. Cette conférence présentera des structures et un matériel relevant des pratiques religieuses inédites, fraîchement découverts à ce site largement arasé par les sebbakhin. Il s’agit des résultats de la dernière campagne de la fouille, soutenue par l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, le Département des sciences de l’Antiquité de l'Institut autrichien d’archéologie, ainsi que l’UMR 7044 Archimède - Université de Strasbourg.

Un secteur sis au sud du lac sacré d'Amon à Karnak a abrité pendant plus de mille ans des habitations pour les serviteurs des dieux. L'histoire et l'évolution de ce quartier, ainsi que l'identité, la culture matérielle, la vie quotidienne et le régime alimentaire de ses habitants, ont été établis au moyen d'un projet de recherche pluridisciplinaire. Son étude offre un témoignage unique et éloquent des activités quotidiennes au sein du complexe religieux de Karnak.

Tandis que dans la Thèbes du Nouvel Empire, Amenhotep Ier et Ahmès-Nefertary ont acquis un statut divin prééminent, à Abydos c’est le pharaon Ahmosis qui est entouré de cette aura particulière lui conférant un pouvoir oraculaire. En partant des différentes sources disponibles, nous nous interrogerons sur le lien à établir entre ce rôle d’Ahmosis divinisé et celui du « fétiche » abydénien dans des contextes similaires.

(dans le cadre du cours de religion de Philippe Collombert)

Le sanctuaire d’Abydos a été réputé abriter des consultations oraculaires auprès de différents dieux, Osiris-Sérapis, Isis ou Bès, jusqu’à une époque très tardive. Après une présentation des questions que soulèvent les témoignages sur ces oracles, nous nous intéresserons au rôle de la « tête » d’Osiris, relique du dieu spécifique à Abydos, et aux capacités particulières qui lui sont conférées.

(dans le cadre du cours de religion de Dominique Lefèvre)

Sur la rive occidentale du Nil, 600 km au sud du Caire, le site de Dendara est aujourd'hui bien connu pour son temple dédié à la déesse Hathor. Pourtant, derrière le complexe religieux d’époque ptolémaïque, dans la partie désertique qui s’étend au sud, la grande nécropole pharaonique de Dendara se développe sur plus de 90 hectares, avec une longueur de 1,5 km d’ouest en est, et 800 m du nord au sud. C’est là que pendant 3000 ans les habitants de la métropole tentyrique ont été inhumés.

Investi à Dendara depuis plus d’un siècle pour l’étude du temple d’Hathor et des monuments associés, l’Institut français d'archéologie orientale (Ifao) s’est récemment associé à l’université KU Leuven pour étudier la zone sépulcrale. L’ambition de ce programme est d’appréhender la nécropole dans sa globalité, de comprendre son développement spatial et chronologique, la nature et la variété des monuments et des pratiques funéraires, pour mieux saisir les transformations sociales qui ont animé les populations de Dendara au cours de la longue

occupation du site.

Alors qu’on peut faire remonter la naissance de la discipline égyptologique à 1822 lorsque Jean-François Champollion découvrit la clé de lecture des hiéroglyphes, il a fallu attendre presque 75 ans de plus avant que Jacques de Morgan donne à l’Égypte un passé prédynastique, et le milieu du XXe siècle pour qu’on s’accorde finalement sur le cadre chronologique de cette période. La seconde moitié du XXe siècle a bénéficié des progrès technologiques de la datation radiocarbone, des statistiques, de l’ADN et des sciences spatiales, tandis que les grands sites prédynastiques que nous connaissons étaient fouillés par des équipes pluridisciplinaires. Ces travaux nous donnent une image plus précise du 4e millénaire égyptien et des processus qui ont conduit à l’émergence de l’un des premiers états du monde. Ce séminaire propose de faire

le bilan des études menées sur l’Égypte des origines, de présenter l’état de la recherche actuelle et les questions majeures auxquelles s’attelle aujourd’hui la communauté internationale.

Les détails suivront.